vendredi 3 octobre 2014

Sortir du rapport de forces par l'équicoaching

La jeune femme en face de moi est épuisée : "Je n'en peux plus de ce travail. Je donne, je donne, je donne... et le week-end je dors. Mais je ne vois pas ce que je peux faire d'autre."
Après un échange d'où il ressort des périodes d'épuisement constant tant au niveau professionnel que privé nous allons voir les chevaux. Je lui donne comme consigne d'être avec le cheval dans le ressenti et rien d'autre.

Le tableau est bucolique. Le cheval broute près d'elle, il y a du soleil. On entend des oiseaux au loin. Elle arbore un grand sourire de bonheur. Pourtant la scène bascule de manière presque imperceptible. Le cheval la pousse un peu, oh pas méchamment, juste un peu... Elle recule, il fait un pas plus franc pour qu'elle se déplace là où il veut. Je demande à la jeune femme de venir vers moi :

- Qui mène la danse là?
Elle sourit :
- C'est lui.
- Pourquoi le laissez-vous faire?
- Je suis totalement démunie. En fait, j'ai une peur bleue de couper le lien ou d'être rejetée...

Et ... tout les coups sont permis!

Dans le rapport de forces, l'autre peut vous envahir, vous écraser, vous traiter n'importe comment.  La nécessité de maintenir le lien laissera la porte ouverte à toutes les maltraitances. Et le lien n'est pas nécessairement de l'ordre de l'affectif.

Cette autre femme assise devant moi est en dépression depuis plusieurs années. Elle parle de son parcours professionnel et me cite, entre autre, d'avoir été assistante d'un DRH qui, lorsqu'il devait licencier quelqu'un se mettait dans le mood en envoyant du Richard Wagner à plein volume dans tout le bureau. Qui d'autre qu'elle-même acceptait de continuer sa collaboration professionnelle avec un personnage qui l'insupportait?


Cet autre nous-même dans le rapport de force...

Cet autre qui nous envahit se trouve souvent être ... nous-même!!!...

Nos croyances sur les rapports de force sont tellement fortes que nous sommes prêts à accepter n'importe quoi.

- J'ai besoin de ce salaire
- Je ne veux pas me retrouver au chômage
- Ca prendra des siècles de quitter ce poste, il y a tant à transmettre
- Me mettre en danger à mon âge est impossible
- Qui d'autre que moi peut gérer cette boîte?

La croyance qu'il n'y a pas moyen d'en sortir est telle que l'on maintient l'insoutenable jusqu'à l'écoeurement. Et l'on arrive à ce paradoxe que l'énergie que l'on met à résister à ce rapport de forces est tellement épuisante que l'on a plus la force de sortir de ce rapport!

Il serait possible de disserter des heures sur le sujet et s'épuiser encore.

Le cheval va mettre en lumières dans les premières sessions cette incapacité à poser des limites. Pas besoin de grandes phrases, il sait très bien qui a de la force pour faire face et qui n'en a pas et aura besoin de grandir. Apprendre à se poser des limites à nous-mêmes d'ailleurs.

Ne plus accepter que n'importe qui puisse dire n'importe quoi à n'importe quel prix au regard du positionnement que NOUS lui accordons.

Il s'agit parfois de retrouver son identité tout simplement. Le mental a déjà fait trop de dégâts ("ne dis rien", "laisse tomber", "c'est pas grave", "écrase",...) alors que tout le corps hurlait par différents malaises qu'il faut rétablir une relation saine à soi-même d'abord et à l'autre ensuite.

Poser les limites permet de grandir, de savoir qui l'on est, ce que l'on veut, ce que l'on est prêt à accepter (ou non), savoir où on veut aller et avec qui. Ca permet de trouver la porte d'entrée de notre responsabilité du scénario de vie dans lequel on évolue et qui ne nous plaît plus.

Bien sûr nous avons tous le droit de penser que c'est le DRH qui est à l'origine de notre malaise... PAR CONTRE si l'on change de paradigme en reconnaissant que nous sommes à l'origine de l'acte de cautionner un comportement qui déplaît par peur du chômage, il est possible de mettre un levier en action. Ca vous dirait d'essayer?